Certains échanges révèlent parfois des vérités sociales, politiques, désagréables, mais objectives. Ci-dessous, vous trouvez la reproduction d’une série de tweets, publiés par le compte « Racisme Social », lié à ce blog, qui relate ce qui s’est passé le samedi 13 septembre, en lien avec le compte X des Stylos Rouges. Il s’agit d’enfoncer le clou, puisque la personne qui gère ce compte s’est cru autorisée, un, à publier le tweet mis en cause (et ce pour répondre à une Fédération FO), deux, à bloquer ce compte, après qu’il lui été répondu que ce tweet était honteux – en supprimant ce tweet, ici, reproduit.
Quelle vérité sociale, politique ?
La FNEC FP-FO a publié le même jour un court tweet pour faire part de sa présence, de son soutien, auprès de professeurs de l’Education Nationale, « contractuels », au chômage à l’occasion de cette rentrée. En effet, alors que le Ministère a communiqué sur un manque de professeurs, ce que des médias ont relayé sans le moindre questionnement ni enquête, les groupes actifs sur les réseaux sociaux, de professeurs en CDD (cf. la note précédente sur ce sujet), ont constaté que les rectorats ont massivement placé ces professeurs au chômage (massivement, en français, signifie majoritairement, et non pas tous). A Toulouse, le rectorat régional a répondu que 50 professeurs allaient recevoir des propositions de poste (sans préciser s’ils seront à temps partiel, très partiel, ou répartis sur deux, trois, quatre établissements), pour 300 professeurs en CDD de l’Académie (un chiffre sans doute inférieur à la réalité). Le tweet de la FNEC FP-FO est court, mais, précis, sensé, fondamental (pour un syndicat de l’EN), fraternel, puisqu’il met en cause un des choix gouvernementaux, prévisible, un chômage de masse – et ce contrairement à cette autre propagande gouvernementale sur l’importance/préférence de l’emploi, sur un « plein emploi », l’un des plus gros mensonges du moment. A ce tweet, le compte des Stylos Rouges a osé « répondre », en le partageant, et en le commentant de manière laconique : « nous prenons acte que » la dite Fédération « est pour la disparition du statut de fonctionnaire ». Autrement dit : recruter des professeurs non titulaires (qui ont déjà travaillé pour l’EN), revient à mettre en cause/attaquer, le statut – de la part de ce syndicat. Or si le Ministère « joue » ces CDD contre les emplois de titulaires, ce n’est ni la faute/responsabilité des professeurs concernés, ni des professeurs titulaires – sauf ceux qui approuvent globalement la situation actuelle. Et IL Y EN A. Par exemple, « l’aristocratie enseignante », notamment avec les « agrégés », des professeurs de grandes écoles, de Prépa, pense sortir de la cuisse de Jupiter, et carbure au mépris envers tout le monde, y compris des collègues titulaires, mais pas agrégés. La réalité des uns et des autres, déjà évoquée et décrite dans la note publiée sur la FP/titulaires et non-titulaires, est claire : le statut de la Fonction Publique, créée à la Libération, est un statut « privilégié », PAR COMPARAISON AVEC LE DROIT DU TRAVAIL du privé. Les travailleurs qui bénéficient de ce statut ont un emploi « à vie »; dans l’Education Nationale, le poste qu’ils occupent est considéré comme LEUR poste, etc. Constater et reconnaître ce « privilège » N’IMPLIQUE PAS DE DENONCER ce statut : dans un environnement économique dans lequel les politiques toujours plus « libérales » ont aggravé l’insécurité économique de tant, le fait que des travailleurs ne soient pas soumis à cette insécurité permanente est, évidemment, positif. Mais si des professeurs ne sont pas également bénéficiaires de ce statut, c’est que les mêmes politiques ont volontairement décidé de limiter l’accès à ce statut, par des recrutements restreints (le nombre de postes décidés pour les concours), la non-reconnaissance des compétences (diplômes) ET de l’expérience. Ce ne sont donc pas les professeurs non-titulaires qui sont responsables de cette situation – pas plus que la plupart des titulaires. MAIS certains approuvent cette situation.
A droite et à l’extrême-droite, les inégalités, de droit, de revenus, de statuts, sont, approuvées, soutenues, voulues – et les politiques suivies depuis plusieurs décennies sont élaborées dans ce sens. Mais dans le maelström de ce qui s’appelle « la gauche », il y a des personnes qui, clairement, se pensent et se disent « de » (gauche), et qui, malgré tout, concernant ces inégalités, ici, en l’espèce, entre des titulaires et des non-titulaires de l’EN, les approuve, les soutienne, croient pouvoir les justifier. Et c’est ce qui rend la situation sociale française si spéciale, confuse : il y a des citoyens qui sont clairs, qui sont contre l’égalité, à droite et à l’extrême-droite, et il y en a d’autres qui disent qu’ils ne sont pas contre -mais un peu quand même, et plus qu’un peu, oui. Le tweet de ce compte des Stylos Rouges s’inscrit dans la lignée d’un « contractuel-bashing », où tout est bon pour caricaturer les professeurs en CDD, y compris se servir du cas particulier d’un professeur contractuel, agresseur d’un autre collègue, pour laisser entendre que c’est EN TANT QUE contractuel, qu’il était dangereux… C’est exactement ce que fait l’extrême-droite, dès lors qu’elle se saisit d’un fait délictueux ou criminel, commis ou censément commis par une personne non blanche, non chrétienne, pour généraliser contre les autres personnes qui ont ce même profil (couleur de peau, origine, religion). Il serait temps que les organisations de travailleurs se mettent au clair sur ces problèmes, questions, en pensant, différenciant, entre les « privilèges », relatifs, positifs et les privilèges qui ne le sont pas. Mais alors, pour les chantres des inégalités et du privilège statutaire, il faudra expliquer ce qui justifie qu’ils soient, eux, des bénéficiaires de, et que les autres soient assignés à une précarité permanente.
Si l’Etat joue les contractuels contre les titulaires, le statut des uns contre le statut des autres, les travailleurs, titulaires, contractuels, n’ont pas à tomber dans le panneau de cette différenciation/réduction des droits et des revenus des uns et des autres, y compris parce que cette stratégie est évidente, transparente.







