Plus ou moins de plus, plus ou moins de moins – la comptabilité générale néo-libérale est contradictoire et antisociale.

Conter les comptes, c’est ce que l’immédiate primo-écriture a imposé : l’affichage public de la dyade, colonnes, débit/crédit. Plus ou moins de moins, plus ou moins de plus, la comptabilité est la variation permanente sur un sujet : combien avons-nous ? Sur quoi, pouvons-nous compter, pouvoir nous appuyer ? D’une activité momentanée et limitée, la comptabilité est devenue au fur et à mesure du temps, un domaine à part, confiée à des professionnels, les « gestionnaires ». Spécialistes des avoirs, des flux, de l’organisation catégorielle de ces flux, les gestionnaires sont devenus toujours plus des acteurs stratégiques, dès lors que les avoirs et les flux augmentaient. Etatisés, les avoirs ont pris des proportions gigantesques. Le nom, sonnant et trébuchant, de cette proportion importante, est, désormais, milliard(s) : il faut atteindre 1000 millions, pour passer le cap du. Giga, octroyé. L’exactitude des comptes est un principe religieux : pas d’à peu près possible – sauf quand un Etat a truqué ses comptes (ou plutôt quand une entreprise a truqué les comptes d’un Etat) ou aurait perdu la maîtrise de ses comptes (ça alors !). La compréhension de l’exactitude varie : soit elle s’entend par une précision chirurgicale, soit elle s’entend sur un « à peu près » – même si l’exactitude s’entend nécessairement d’un état particulier, et pas un peu moins et pas un peu plus. Mais ces dernières années, nous avons vu apparaître des chantres de la « gestion parfaite » prétendre pouvoir s’autoriser de certains flous/flux. La nouveauté de notre époque s’est incarnée par la montée en responsabilité de gestionnaires ou prétendus gestionnaires : là où il y avait une séparation stricte entre les politiques et les gestionnaires, comme entre les politiques et les militaires, les gestionnaires ont considéré avoir le droit et le devoir de remplacer les politiques, en raison de leur « expertise ». Et pourtant, il est juste de paraphraser un certain politicien professionnel du début du 20ème siècle en considérant que l’économie est une chose trop grave pour la confier à des gestionnaires. C’est pourtant ce que le néo-libéralisme a promu. Or, en même temps qu’il prétendait nécessaire de confier la gestion à des gestionnaires, il a prétendu aussi devoir former ceux-ci à des dogmes censés être de bonne gestion aussi, par la baisse des dépenses des finances publiques pour un certain nombre de champs et la hausse des dépenses des finances publiques pour d’autres champs. Là où les précédents gestionnaires accompagnaient les flux financiers nationaux, les décisions politiques, par le fait que l’accroissement démographique et le développement économique induisaient l’augmentation du budget général, ces nouveaux gestionnaires ont inventé/imposé une inversion : il faut faire autant ou plus avec moins – sauf, pour les armées. Or, par leurs choix, ils démontrent qu’ils ne sont pas première et fondamentalement des gestionnaires, qui se contentent de gérer des comptes à partir de directives fixées par des politiques, mais qu’ils sont des idéologues, contradictoires avec les intérêts des finances publiques, puisqu’ils opèrent une diminution des moyens financiers généraux, un endettement public dès lors que les crédits, insuffisants, doivent nécessairement être complétés. Cette gestion, ontologiquement « austéritaire/ploutocratique », (toujours moins pour la majorité, toujours plus pour une minorité), n’est pas inédite : elle est apparue, pour la première fois, dans des pays chrétiens, pour lesquels les autorités ecclésiastiques ont prôné la « modération » des dépenses, en raison des vices et manques, « populaires » – et ce afin de permettre, DEJA, aux plus riches européens, les nobles, d’accroître substantiellement leurs avoirs et revenus. Clairement, c’est une gestion antisociale. Il faut donc la contrer en expliquant comment et pourquoi il faut augmenter le budget national, les crédits et les dépenses. 

Bien qu’il s’agisse là d’EVIDENCES, les idéologues néo-libéraux les contestent (exemple, les IFRAP).

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